Partager la souffrance

Si personne ne règle les problèmes
C’est parce que ceux qui ont pour devoir
De s’en occuper ne peuvent savoir
La valeur de la misère suprême
Seulement s’ils y sont plongés eux-mêmes.
Les dirigeants ne devraient pas pouvoir
Se réfugier dans une tour d’ivoire
Et établir les règles du système.
Ce n’est pas dit qu’ils ne le peuvent point,
Mais il faut qu’ils soient un peu concernés
Par le grain de l’ivraie à discerner.
Nous opposons ainsi un contrepoint
Aux préoccupés de leurs embonpoints
Qui vont des médailles se décerner
Alors qu’en vrai ils n’ont rien pu cerner
De l’horreur de subir les coups de poing !
Quelle somme voudriez-vous parier
Que tous les problèmes de logement
Sont réglés en deux temps trois mouvements
Si ministre et rue étaient appariés ?
Combien de temps cela pourrait prendre,
A votre avis, de réduire à néant
Les rentes captées par les fainéants
S’ils dépendaient de ça pour entreprendre ?
Combien pour chasser les allogènes,
Tous en réémigration intégrale,
S’ils vivaient dans la pression sidérale
Auprès de ces peuples criminogènes ?
Si les juges étaient à l’avant-garde
Du traitement qu’ils osent nous prescrire,
Persisteraient-ils toujours à en rire ?
Conséquences jamais ils ne regardent
Quand de ce chaos tirent privilèges.
Jamais ni eux, ni leur électorat,
Ne se retrouvent confrontés aux rats,
Au contraire ! D’efforts ils les allègent !

L’intensité du contrôle social
Fermement les vis des vices serrait
Pour garder le patriote intérêt
Du chevalier solitaire asocial.
La grande cérémonie au manoir
Rassemblant les cadets et vétérans
Au rituel les dieux vénérant
Le serment du juge à la Porte Noire :
« Le capitaine, quand le bateau coule,
Doit être le dernier à le quitter,
Pas le premier. – La noble équité,
De mon rang duquel le devoir découle,
Dernier servi à la corne j’abonde,
Jusqu’à la mort sers le peuple Gaulois.
Si les logements sont en inemploi,
Alors au froid dehors je vagabonde ;
Si de bourse vous êtes démuni,
Alors je me débrouille sans le sous ;
Si votre vie est sans dessus-dessous,
Alors les coupables seront punis ;
Si vous êtes seul, alors je suis seul ;
Si au crime on vous oblige à vous taire,
Si vous avez des pulsions suicidaires,
Si l’ennemi vous couvre d’un linceul,
Alors je suis le premier responsable
Car mon objectif dans notre Cité
Est d’agir avec efficacité
Pour effacer la menace inlassable.
Contre l’ennemi qui nous joue des crasses,
Juste le temps d’un instant subreptice
A accomplir mon instinct de Justice
D’un coup déterminé je le terrasse.
En gardant le cap en ligne de mire,
Tant que sera libre le mal profond
Avec ses airs d’agréable bouffon,
Je ne pourrai paisiblement dormir ! »

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